Colloque « Avenir du travail et souveraineté européennes des compétences » : le temps fort de l’année européenne des compétences en France

Le 9 mai 2023, les États membres, le Parlement européen et la Commission ont conjointement lancé l’Année européenne des compétences. Ce 11 décembre 2023 marquait les six mois de cette initiative ambitieuse, et à cette occasion, le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion a organisé une grande conférence, sur le thème : « Avenir du travail et souveraineté européennes des compétences ».

Pierre-Yves Dermagne ministre belge de l’Economie et du Travail, Carole Grandjean, Olivier Dussopt, Nicolas Schmit Commissaire européen à l’Emploi, aux Affaires sociales et à l’Insertion
Copyright : Ministères sociaux/ DICOM / Isa Harsin / Sipa

 
En présence d’Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, et de Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, cet événement national mettait en avant l’enjeu des compétences pour répondre aux besoins nouveaux du monde du travail et contribuer ainsi à la construction d’une Europe plus compétitive et souveraine dans le cadre des transitions écologique et numérique.

Ce fut également l’occasion de présenter les politiques des compétences portées par la France, comme le développement de l’apprentissage, la mobilisation du Compte personnel de formation (CPF), la réforme de la Validation des acquis de l’expérience (VAE) ou encore la structuration de l’apprentissage transfrontalier.

L’événement s’est tenu en présence de Nicolas SCHMIT, Commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux et s’est articulé autour de deux tables rondes, l’une européenne, l’autre française.

  • La première était introduite par l’OCDE et a compté notamment la participation de Pierre-Yves DERMAGNE, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie et du Travail belge, de Rolf SCHMACHTENBERG, Secrétaire d’État au ministère du Travail et des Affaires sociales allemand et de représentants des partenaires sociaux européens.
  • La deuxième table ronde était introduite par France Stratégie et a compté la participation de représentants des organisations syndicales et patronales représentatives françaises, qui ont débattu des priorités qu’ils souhaitent porter en matière de compétences, notamment dans la perspective de la prochaine Conférence des partenaires sociaux européens de Val Duchesse.

En savoir plus :

Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion
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L’Année européenne des compétences

L’enjeu de cette année européenne des compétences vise à développer la « Stratégie européenne pour les compétences », à l’échelle nationale, régionale ou locale, encourageant ainsi la formation continue. L’objectif est que 60 % des adultes dans l’Union européenne (65 % en France) participent chaque année à des actions de formation d’ici 2030, conformément aux objectifs fixés lors du Sommet social de Porto.

Cette initiative s’inscrit pleinement dans les stratégies de la « Décennie numérique de l’Europe » et du « Pacte vert pour l’Europe », adressant ainsi les défis de la double transition écologique et numérique.

118 événements ont été organisés sur le territoire national les six premiers mois. Ces événements ont été publiés sur la carte interactive du portail Année européenne des compétences de la Commission européenne.

La France est très heureuse de recevoir ses partenaires européens pour des discussions qui s’annoncent riches et surtout, je l’espère, utiles.

Elles doivent être utiles parce que je crois qu’elles sont attendues par nos concitoyens et parce que l’Europe elle-même en a besoin pour bâtir un nouveau cadre de souveraineté économique.

Cette année européenne des compétences, elle doit, je crois, vraiment nous permettre d’engager une nouvelle dynamique partout dans l’Union pour que ses engagements se traduisent par des progrès concrets sur le terrain.

La conférence qui vous réunit aujourd’hui a pour objet l’avenir du travail dans le cadre des transitions en cours, qu’il s’agisse de la transition numérique, écologique ou énergétique.

Il est vain de former les Européens à des compétences qu’ils n’exerceront pas,
soit parce qu’elles répondent à des besoins déjà satisfaits soit parce que les emplois correspondantrs n’existent plus, soit encore parce que certains métiers souffrent de conditions de travail très dissuasives ou sont amenés à évoluer très rapidement, sous le coup des évolutions technologiques les plus récentes.

Les tensions de recrutement sur le marché du travail continuent d’augmenter, et 8 métiers sur 10 sont considérés comme en tension, et l’inadéquation entre les compétences disponibles et celles requises contribuent fortement à l’aggravation de la situation.

Plus d’un quart, 27 % en moyenne, des jobs de l’OCDE vont être profondément impactés. Soyons clairs, ces jobs vont rester, ils ne vont pas disparaître, mais les compétences, les tâches, les activités qui vont être développées dans ces jobs vont évoluer de façon très importante, et c’est pour cela qu’il
faut donner à tout le monde, aux travailleurs, les compétences nécessaires pour pouvoir continuer à garder ces jobs et évoluer à côté de la technologie.

Nous savons aussi qu’en Europe, et depuis longtemps, on ne peut plus former une fois pour toutes et pour toute une vie et que nous devons nous engager massivement dans la formation tout au long de la vie pour n’exclure aucun travailleur européen dans la durée.

La formation continue est un facteur déterminant pour garantir une main d’œuvre qualifiée. L’apprentissage tout au long de la vie doit être considéré comme une chance, non comme un poids. Nos compétiteurs sont déjà là, donc si on veut être compétitifs, il faut investir dans la formation.

On doit tous travailler ensemble, gouvernement, partenaires sociaux, pour améliorer et augmenter la participation à la formation, mais il s’agirait également de le faire d’une manière coordonnée.

C’est pour ça que ce plan d’action est essentiel. C’est par la modernisation, c’est par la refonte de nos politiques de compétences, que nous pourrons assurer l’emploi des travailleurs européens, garantir notre prospérité commune et préserver notre souveraineté européenne.

L’année européenne des compétences nous donne donc précisément l’occasion de réfléchir ensemble à nos priorités pour les compétences de demain, de réfléchir à l’avenir du travail en Europe mais aussi au destin de l’Europe sociale.